Les Français sont-ils malheureux ?

Mes grands parents vivaient dans une "maison" en bois avec une seule pièce de terre battue et de nombreux enfants. Ils cultivaient un jardin d'où ils tiraient leur subsistance et quelque monnaie en vendant le surplus au marché. Pas de camionnette, c'est sur une charrette à bras qu'ils emmenaient les pommes de terre ! C'était peut-être cela la misère, mais grâce à leur travail, ils n'ont jamais demandé l'aumône. Pourtant, Nicolas Sarkozy n’était pas né. Ils sont morts jeunes, usés par une vie de travail.

Mes parents étaient moins pauvres : jeunes, ils vivaient au sec dans un petit appartement sous les toits. Ils n'avaient qu'une table, deux chaises, et les couverts qui vont avec. Le lit, c'est mon père qui l'avait fabriqué avec quelques planches.

Au sortir de la guerre, mon père a fait des études de chimie en prenant des cours du soir. Il est entré dans un laboratoire où il a fini comme responsable jusqu'à la fermeture de l'entreprise alors qu'il avait 52 ans. Il a ensuite fait des tas de petits boulots, comme coursier, commis d'huissier, vendeur de journaux. Il s'est arrêté de travailler à 65 ans, alors qu'il avait commencé avant 13 ans ! 52 ans de travail (dont le STO pendant la guerre) 7 ans de retraite. Il n'était pas riche, mais grâce à son talent, à son courage, nous avons vécu dans une vraie maison et nous avons même eu une voiture (D'abord un tacot des années 30, mais sa dernière acquisition a été une Renault12 neuve !) Ils ont voulu pour ceux qui le pouvaient que nous fassions des études et leurs enfants ont tous réussi à s'intégrer dans la vraie vie : le monde du travail.

Alors aujourd'hui lorsque j'entends se plaindre des gens qui ont chez eux tout le confort acheté à crédit à des taux usuriers, qui fument et parfois autre chose que du tabac, qui ont deux ou trois forfaits de téléphone et de télévision, qui s'habillent en marques, qui font la fête chaque semaine avec les amis, barbecue, alcools, mais qui viennent ensuite se plaindre de leurs difficultés et de ce que des hommes de talent gagnent des sommes indécentes...

C'est le travail qui aide à sortir de la misère et qui nous permet de nous regarder dans la glace. L'assistanat devrait être exclusivement réservé à ceux qui sont dans l'impossibilité de travailler. Et c'est un devoir de les aider !